L’alternance travail-études en construction, ça existe maintenant!

Depuis avril 2021, les personnes qui fréquentent un établissement scolaire peuvent obtenir un certificat de compétence apprenti (CCA) étudiant, valide pour une durée de six mois, leur permettant de travailler dans l’industrie de la construction.

Grâce à cette mesure, certains centres de formation professionnelle (CFP) ont pu développer une formule d’alternance travail-études (ATE) en intégrant des stages rémunérés en entreprise aux programmes d’études offerts.

L’ATE, c’est quoi?

Combinant avantageusement la formation théorique à la pratique en chantier, l’ATE vise à mieux préparer les étudiants à une carrière dans l’industrie et à favoriser une meilleure adaptation professionnelle une fois les études complétées. L’ATE peut être offerte en version développement ou mise en œuvre de compétences : la première vise l’acquisition de certaines compétences entièrement en situation de travail sur le chantier; la deuxième permet lors de moment d’arrêt du programme d’études, d’aller expérimenter, en situation de travail réel mais contrôlé, les compétences développées en centre. Les CFP sont responsables de déterminer le modèle qui s’applique le mieux dans leur réalité régionale.

Grâce à la concertation entre le milieu de travail et l’établissement scolaire, l’ATE offre à l’élève le meilleur des deux mondes. Selon Éric Cousineau, directeur du CFP Le Chantier de Laval : « L’ATE permet une pédagogie différente, les notions sont plus concrètes parce qu’elles sont vues sur le terrain presqu’en même temps que les apprentissages. La pratique reste la même, mais le rôle de l’enseignant est différent parce qu’il y a un échange avec les élèves qui reviennent de stage. Avant, l’éducation et l’industrie travaillaient plus en parallèle, en silo. Avec l’ATE, ça permet une meilleure collaboration, une vraie collaboration. C’est un bon win-win! »

En termes d’organisation, Luc Allard, enseignant au diplôme d’études professionnelles (DEP) en ferblanterie de l’École des métiers de la construction de Montréal (EMCM), estime que le réel défi pour les CFP est d’arrimer le logigramme éducatif aux impératifs de l’industrie : « Ça demande beaucoup d’organisation, une logistique et une coordination, c’est sûr. Mais cela crée un réel réseautage, avec l’élève au centre, et une plus-value pour tous. »  

Engouement des entreprises

Dès les premières offres de partenariat pour des programmes d’ATE, la réponse des entreprises a été très favorable. Effectivement, grâce à des discussions avec des acteurs de l’industrie et des séances d’information tenues par les CFP, plusieurs entrepreneurs ont accepté d’accueillir au moins un stagiaire. Comme Denis Vaugeois, directeur Transport chez Transelec : « C’est le genre d’initiative qu’on recherche, en laquelle on croit. Ça fait partie de nos valeurs », admet-il. Pour les entreprises qui embarquent, cela peut d’ailleurs représenter une bonne piste de solution à la pénurie de main-d’œuvre.

Évidemment, ce partenariat demande aux entreprises de garantir l’accompagnement des stagiaires, de fournir le soutien nécessaire à leurs apprentissages et de les rémunérer selon la convention applicable. Sous la supervision d’un compagnon, les heures travaillées doivent être comptabilisées dans le carnet d’apprentissage de l’étudiant. Dans le cas d’une ATE en développement, l’entreprise s’engage aussi à enseigner certaines compétences dans une proportion établie préalablement avec l’école. À la fin du stage, le compagnon aura à faire part de ses impressions sur le savoir-être et savoir-faire de l’apprenant, mais l’évaluation des compétences reviendra aux professeurs impliqués.

Durant tout le stage, l’entreprise échange régulièrement avec les responsables de la formation, ceux-ci effectuant aussi quelques visites sur les chantiers pour observer la progression des élèves. Il s’agit là d’un filet de sécurité supplémentaire : l’entreprise n’est pas seule garante de l’étudiant durant son stage, puisque l’école n’est jamais bien loin.

Les entreprises participantes obtiennent ainsi, en toute quiétude, des employés additionnels pendant quelques semaines, peut-être davantage si les étudiants effectuent tous leurs stages au même endroit et décident d’y travailler durant leurs vacances scolaires et/ou à la fin de leur formation. Dès lors qu’un stagiaire développe un sentiment d’appartenance et un réseau de contacts, il est vraisemblable qu’il poursuive sa carrière dans ce milieu de travail.

« Pour les étudiants, ceci leur permet de comprendre le fonctionnement de l’entreprise et de mieux se positionner par rapport à ce qu’ils veulent pour le futur. De notre côté, l’ATE est une excellente méthode pour assurer le transfert de connaissances de notre personnel expérimenté tout en nous permettant de valider les compétences du stagiaire et d’identifier son potentiel pour un futur recrutement », poursuit Denis Vaugeois.

Votre entreprise est intéressée? Informez-en votre représentant d’association puisque c’est la porte d’entrée des centres de formation qui souhaite développer des partenariats avec les entreprises.

Les étudiants, qu’en pensent-ils?

Outre la rémunération pendant les stages, les élèves optant pour les programmes en ATE sont motivés par la possibilité de confirmer plus tôt que leur choix de carrière leur convienne.

Les étudiants ayant participé à une ATE sont nombreux à apprécier cette formule. « Il n’y a rien de plus concret que de travailler sur les chantiers et de baigner dans plusieurs environnements différents pour valider son intérêt », affirme Francis Couture, étudiant de l’ATE en électricité du CFP Le Chantier. Alex Doré, également étudiant en électricité, abonde dans ce sens : « Enrichissante est le mot qui décrit le mieux mon expérience. C’est une chose d’apprendre dans un local, mais ça ne représente qu’une partie du travail à effectuer. » « Les stages te font voir ce qu’est réellement le chantier. Il y a tout de même une adaptation à faire, en ce qui concerne le transport, les heures de réveil, etc. », reconnaît Cyril Beaudoin, finissant de la première cohorte diplômée de l’ATE en ferblanterie de l’EMCM.

Présentement, peu de DEP en construction proposent la formule ATE – électricité, produits verriers, briquetage-maçonnerie, calorifugeage et ferblanterie, et bientôt charpenterie-menuiserie – et encore peu de CFP se sont lancés dans l’aventure. Cependant, le nombre de CCA étudiant octroyé depuis avril 2021 laisse croire que la demande pour ce type de programme explosera au cours des prochaines années.

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